La discrimination liée à l'apparence physique dans la coiffure

Impact des préjugés physiques sur la carrière des professionnels de la coiffure

Dans le secteur de la coiffure, l'apparence physique reste un facteur discriminant majeur, avec 77% des recrutements influencés par le physique. Une réalité qui touche particulièrement les jeunes professionnels et les femmes, confrontés à des préjugés tenaces sur leur apparence, des cheveux colorés aux tatouages en passant par la corpulence.
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La discrimination liée à l'apparence physique demeure une problématique préoccupante dans le monde professionnel, et le secteur de la coiffure n'y échappe pas. Selon le baromètre OpinionWay 2025, de nombreux critères physiques sont considérés comme 'non professionnels', créant des barrières invisibles mais bien réelles dans l'accès à l'emploi et l'évolution de carrière. Cette situation paradoxale touche un secteur pourtant dédié à l'expression de la créativité et de l'esthétique personnelle.

Les formes de discrimination physique dans la coiffure

D'après le baromètre OpinionWay 2025, plusieurs critères physiques sont considérés comme "non professionnels" dans le secteur de la coiffure. Les discriminations les plus fréquentes concernent l'attitude corporelle déplaisante (52%), les cheveux colorés (51%) et les piercings visibles (50%).

Le cas de Violaine, jeune coiffeuse de 20 ans, illustre la réalité de ces discriminations. Après l'envoi de 90 CV dans la région de Vannes, elle n'a reçu aucune réponse positive en raison de son poids. Sans photo sur son CV, elle obtenait des entretiens mais se voyait systématiquement refuser le poste avec des excuses évasives.

Les tatouages et le style vestimentaire font également l'objet de préjugés tenaces. Selon l'étude, 37% des professionnels considèrent qu'une barbe non entretenue est incompatible avec le métier, tandis que 25% jugent négativement une tenue décontractée. Ces discriminations touchent particulièrement les jeunes professionnels, qui sont 32% à en avoir été témoins dans leur salon.

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L'impact sur le recrutement et la carrière

Selon le baromètre OpinionWay, l'apparence physique impacte fortement les parcours professionnels dans la coiffure, avec 77% des recrutements influencés par le physique. Cette discrimination se poursuit tout au long de la carrière, affectant l'intégration des nouveaux embauchés (71%) et l'accès aux promotions (68%).

Les jeunes professionnels sont particulièrement touchés, étant plus exposés aux remarques sur leur apparence. Les femmes subissent une double peine, devant répondre à des critères esthétiques plus stricts concernant leur maquillage, leur silhouette et leur style vestimentaire.

Face à cette pression, 57% des professionnels de la coiffure se disent prêts à modifier leur apparence pour leur carrière. Les ajustements les plus courants concernent le style vestimentaire (37%) et la coupe de cheveux (27%). Plus surprenant, 25% envisageraient de se maquiller davantage, tandis que 10% n'excluent pas le recours à la médecine esthétique.

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Le cadre légal et la protection des droits

La loi française offre un cadre juridique protecteur contre les discriminations liées à l'apparence physique. L'article L. 1132-1 du Code du travail et l'article 225-1 du Code pénal interdisent explicitement toute discrimination basée sur l'apparence physique dans le monde professionnel.

Cependant, comme le souligne Marie Larsonneau de l'AFMD, ces discriminations sont rarement sanctionnées car difficiles à prouver. Les plaintes sont souvent requalifiées sous d'autres motifs : racisme pour la couleur de peau, mœurs pour la coiffure, ou signes religieux pour le port de certains accessoires.

Une avancée significative se profile avec la proposition de loi sur la discrimination capillaire, adoptée le 28 mars 2024 par l'Assemblée nationale. Ce texte vise à inscrire spécifiquement dans la loi les discriminations relatives à "la coupe, la couleur, la longueur ou la texture des cheveux", offrant ainsi une protection renforcée aux professionnels de la coiffure, particulièrement exposés à ces jugements.

Les stéréotypes et préjugés persistants

Le secteur de la coiffure n'échappe pas aux préjugés tenaces liés à l'apparence physique. Selon le baromètre OpinionWay, 88% des répondants considèrent que certaines apparences sont "non professionnelles" dans le monde du travail, un chiffre particulièrement révélateur dans un métier centré sur l'esthétique.

Les cheveux colorés cristallisent particulièrement ces stéréotypes, avec 51% des sondés qui les jugent inappropriés en milieu professionnel. Une perception qui touche directement les coiffeurs eux-mêmes, pourtant censés incarner la créativité capillaire. Les tatouages et piercings visibles sont également stigmatisés, respectivement par 50% des répondants, tandis que le maquillage prononcé est considéré "non professionnel" par 23% des personnes interrogées.

La discrimination s'exprime différemment selon le genre. Pour les femmes coiffeuses, la pression esthétique est particulièrement forte concernant les cheveux blancs. Là où les cheveux gris sont perçus comme un signe de sagesse et d'expérience chez les hommes, ils sont associés au vieillissement et à une perte de valeur professionnelle chez les femmes. Une étude britannique révèle qu'une femme blonde sur trois se teint les cheveux en brun pour paraître "plus professionnelle" et "plus intelligente" aux yeux des clients et employeurs.

Les préjugés touchent également la corpulence, citée comme "non professionnelle" par 21% des sondés. Cette discrimination affecte particulièrement les femmes : selon le Défenseur des droits, une femme en surpoids a huit fois moins de chances d'être embauchée qu'une femme ne l'étant pas, y compris dans le secteur de la coiffure où l'image joue un rôle prépondérant.

Ces stéréotypes ont un impact direct sur les pratiques professionnelles : 37% des coiffeurs modifient leur style vestimentaire et 27% changent leur coupe de cheveux pour correspondre aux attentes perçues du métier. Une standardisation forcée qui va à l'encontre de la créativité et de la diversité pourtant inhérentes au secteur de la coiffure.

Les conséquences sur la santé mentale

La pression liée à l'apparence physique dans le secteur de la coiffure engendre des répercussions psychologiques significatives. Selon le baromètre OpinionWay, 57% des professionnels se disent prêts à modifier leur apparence pour des raisons professionnelles, révélant l'ampleur de cette pression sociale.

Cette volonté de transformation n'est pas sans conséquence sur la santé mentale. Les études montrent que 62% des personnes concernées par des critiques sur leur apparence voient leur confiance en soi affectée, pouvant même conduire à un sentiment de dépression pour 21% d'entre elles. Pour les femmes aux cheveux texturés notamment, 29% développent une anxiété particulière liée à leur apparence capillaire, contre 16% chez les femmes aux cheveux lisses.

La pression constante pour maintenir une certaine image professionnelle génère également une charge mentale importante. Les modifications physiques les plus fréquemment envisagées comprennent :

- Le changement de style vestimentaire (37% dont 17% l'ont déjà fait)
- La modification de la coupe de cheveux (27% dont 13% l'ont déjà fait)
- L'adaptation du maquillage (25%)

Plus préoccupant encore, une personne sur dix envisage même le recours à la médecine esthétique, ce chiffre grimpant à 29% chez les 18-24 ans, illustrant l'intensité de cette pression chez les jeunes professionnels.

Les solutions pour un secteur plus inclusif

Pour lutter contre les discriminations physiques, les entreprises de coiffure doivent mettre en place des actions concrètes de sensibilisation. Selon le baromètre OpinionWay, 26% des Français considèrent la sensibilisation des équipes comme une priorité.

Plusieurs initiatives peuvent être déployées :

  • Former les recruteurs et managers aux biais inconscients liés à l'apparence
  • Mettre en place des processus de recrutement objectifs avec des grilles d'évaluation basées sur les compétences
  • Anonymiser les CV (souhaité par 22% des sondés)
  • Développer des modules de formation sur les stéréotypes, comme l'a fait la Société Générale sur la grossophobie

Les entreprises doivent également valoriser la diversité dans leur communication interne et externe, en montrant tous les visages et styles qui composent la profession. Cela permet de faire évoluer les mentalités et de créer un environnement plus inclusif.

La lutte contre les discriminations physiques dans la coiffure nécessite une approche globale et concertée. Si le cadre légal se renforce, notamment avec la nouvelle loi sur la discrimination capillaire, c'est avant tout aux entreprises d'agir en favorisant des pratiques de recrutement objectives et en valorisant la diversité. L'avenir du secteur dépend de sa capacité à créer un environnement plus inclusif, où les compétences priment sur l'apparence.

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