Prévention et prise en charge des brûlures en salon de coiffure
Guide complet pour les professionnels de la coiffure sur la gestion des risques thermiques et chimiques

Les questions fréquentes
Les salons de coiffure présentent plusieurs risques de brûlures en raison de l'utilisation d'équipements à haute température et de produits chimiques agressifs. Voici les principaux types de brûlures rencontrées :
Les brûlures thermiques
Ces brûlures sont causées par la chaleur des appareils de coiffure :
• Fers à lisser et boucleurs : Atteignant des températures de 180°C à 230°C, ils causent des brûlures instantanées au contact de la peau
• Sèche-cheveux : Générant de l'air chaud jusqu'à 80-100°C, particulièrement dangereux lors d'un contact prolongé
• Casques et appareils chauffants : Utilisés pour les permanentes ou colorations, ils peuvent provoquer des brûlures si la température n'est pas correctement réglée
Les brûlures chimiques
Elles résultent de l'action corrosive des produits capillaires :
• Décolorants : Contenant de l'ammoniaque et du peroxyde d'hydrogène, ils peuvent causer des irritations sévères
• Colorations permanentes : Les composés chimiques peuvent provoquer des réactions allergiques et des brûlures chimiques
• Produits de permanente et défrisants : Leur pH élevé ou très bas peut endommager la peau et le cuir chevelu
Les brûlures par contact
Elles surviennent lors du contact accidentel avec des surfaces chaudes ou des éclaboussures de produits.
Zones anatomiques les plus touchées
• Le cuir chevelu (zone la plus fréquemment affectée)
• Le front et les tempes
• Les oreilles et la nuque
• Les mains et avant-bras des coiffeurs
Sensibilité particulière du cuir chevelu
Le cuir chevelu présente une sensibilité accrue aux brûlures en raison de :
• Sa fine épaisseur de peau
• Sa riche vascularisation
• La présence de nombreuses terminaisons nerveuses
Fréquence dans l'environnement professionnel
Ces accidents sont fréquents car :
• Utilisation quotidienne d'équipements à haute température
• Manipulation régulière de produits chimiques
• Rythme de travail soutenu pouvant favoriser l'inattention
• Proximité constante entre les outils chauffants et la peau du client
• Formation parfois insuffisante sur les risques et mesures de prévention
L'évaluation de la gravité d'une brûlure en salon de coiffure nécessite une approche méthodique basée sur trois critères essentiels : la profondeur, l'étendue et la localisation.
Classification selon la profondeur :
- Brûlure du 1er degré : Atteint uniquement l'épiderme. La peau est rouge, douloureuse, sans cloques. Guérison spontanée en 3-5 jours sans séquelles.
- Brûlure du 2ème degré superficiel : Atteint l'épiderme et le derme superficiel. Présence de phlyctènes (cloques) à contenu clair, fond rosé et douloureux. Guérison en 10-15 jours.
- Brûlure du 2ème degré profond : Atteint le derme profond. Phlyctènes à contenu trouble, fond pâle, moins douloureuse. Risque de cicatrices.
- Brûlure du 3ème degré : Destruction complète de l'épiderme et du derme. Peau cartonnée, blanche ou noire, indolore par destruction des terminaisons nerveuses.
Évaluation de l'étendue :
Utilisez la règle de la paume de la main qui représente 1% de la surface corporelle totale. Une brûlure est considérée comme grave si elle dépasse 10% chez l'enfant ou 15% chez l'adulte.
Localisations critiques en salon de coiffure :
Certaines zones constituent des urgences médicales même si l'étendue semble limitée :
- Cuir chevelu : Vascularisation importante, risque hémorragique et infectieux élevé
- Oreilles : Cartilage exposé, risque de déformation permanente
- Visage et cou : Risque esthétique et fonctionnel (déglutition, respiration)
- Mains : Impact fonctionnel majeur
En salon de coiffure, même une brûlure apparemment mineure sur ces zones nécessite une consultation médicale immédiate pour prévenir les complications et optimiser la cicatrisation.
Face à une brûlure en salon, la rapidité et la précision des gestes de premiers secours sont cruciales pour limiter les dégâts et favoriser la guérison.
Pour les brûlures thermiques :
- Appliquez immédiatement un refroidissement à l'eau froide (10-15°C) pendant 5 minutes minimum, idéalement dans les 15 premières minutes suivant l'accident
- Laissez couler l'eau sans pression directe sur la brûlure pour éviter d'aggraver les lésions
- Ce refroidissement permet de stopper la progression de la brûlure en profondeur et de soulager la douleur
Pour les brûlures chimiques :
- Procédez à un rinçage abondant pendant 15 à 30 minutes
- Retirez immédiatement les vêtements souillés par le produit chimique
- Ne tentez jamais de neutraliser le produit avec une autre substance, cela pourrait aggraver la brûlure
Gestes essentiels à adopter :
- Portez des gants stériles pour éviter toute contamination
- Retirez bijoux et vêtements serrés avant l'apparition de l'œdème
- Positionnez la victime confortablement, si possible avec la zone brûlée surélevée
- Protégez les zones saines en évitant la propagation des produits ou de la chaleur
Quand appeler les secours :
Contactez immédiatement le 15 (SAMU) ou le 112 (numéro d'urgence européen) dans les cas suivants : brûlure étendue (plus de la paume de la main), brûlure profonde, brûlure du visage, des mains ou des parties génitales, brûlure chimique ou électrique, ou si la victime présente des signes de détresse.
Informations à transmettre aux secours :
- Localisation précise du salon
- Nature de la brûlure (thermique, chimique)
- Superficie et localisation de la brûlure
- Produit impliqué si brûlure chimique
- État de conscience et signes vitaux de la victime
- Premiers gestes déjà effectués
La prévention des brûlures en salon de coiffure nécessite une approche globale intégrant équipements, procédures et formation du personnel.
Équipements de protection individuelle indispensables :
- Gants thermiques et chimiques résistants pour manipuler les outils chauffants et produits
- Lunettes de protection contre les projections chimiques
- Blouses à manches longues en matériau résistant
Procédures de sécurité rigoureuses :
- Vérification systématique des réglages de température des fers, sèche-cheveux et appareils chauffants avant chaque utilisation
- Respect scrupuleux des temps de pose des produits chimiques selon les instructions fabricant
- Réalisation obligatoire de tests cutanés 48h avant toute application de colorants ou décolorants
- Préparation des dilutions selon les dosages précis recommandés
Aménagement sécuritaire du salon :
- Installation d'une ventilation efficace pour évacuer les vapeurs chimiques
- Points d'eau d'urgence facilement accessibles pour rinçage immédiat
- Stockage sécurisé des produits chimiques dans des armoires ventilées
Formation et communication :
Le personnel doit être formé à détecter les signes d'alerte précoces (picotements, démangeaisons, rougeurs) et à réagir immédiatement. La communication transparente avec le client sur les risques et précautions renforce la sécurité. Un protocole d'urgence clair doit être établi et régulièrement révisé pour garantir une réaction rapide en cas d'incident.
Les soins des cicatrices de brûlures après cicatrisation reposent sur quatre principes thérapeutiques validés scientifiquement, appliqués selon une approche progressive et continue.
La pressothérapie constitue le traitement de référence : elle consiste à appliquer une pression constante de 20-25 mmHg pendant 23h/24 durant 18 mois minimum. Cette compression permanente permet de limiter la prolifération fibroblastique excessive et de prévenir la formation de cicatrices hypertrophiques ou chéloïdiennes. Les vêtements compressifs sur mesure ou les bandes élastiques doivent être portés de manière rigoureuse pour obtenir une efficacité optimale.
Les interfaces siliconées représentent le second pilier thérapeutique. Appliquées directement sur la cicatrisation, elles maintiennent l'hydratation locale, modulent la synthèse de collagène et exercent une pression douce continue. Ces dispositifs peuvent être utilisés sous forme de gel, plaques ou sprays selon la localisation et l'étendue de la cicatrice.
La massothérapie joue un rôle essentiel grâce à ses effets défibrosants et son amélioration de la circulation locale. Trois techniques sont particulièrement efficaces : l'effleurage (mouvements lents et superficiels pour préparer les tissus), la friction (pressions circulaires profondes pour défibroser), et le pétrissage (malaxage des tissus pour améliorer leur souplesse). Ces massages doivent être pratiqués quotidiennement, en respectant le concept de 'capacité cutanée maximale' - c'est-à-dire masser jusqu'à la limite de résistance tissulaire sans provoquer de douleur excessive.
L'hydratation intensive complète cette prise en charge en maintenant l'élasticité cutanée et en favorisant la maturation cicatricielle. L'application biquotidienne de crèmes hydratantes spécifiques permet de prévenir la sécheresse et les tiraillements.
Une surveillance régulière est indispensable : les signes d'une bonne cicatrisation incluent une coloration rosée qui s'estompe progressivement, une souplesse croissante et une absence de démangeaisons. À l'inverse, une coloration rouge persistante, un épaississement, des douleurs ou des rétractions nécessitent une consultation médicale urgente pour adapter le traitement.
Accompagnement psychologique après une brûlure grave
L'accompagnement psychologique constitue un pilier essentiel de la prise en charge des patients victimes de brûlures graves. Les répercussions psychologiques sont multiples et nécessitent une approche globale et personnalisée.
Impact psychologique des brûlures :
- Troubles psychosociaux : La dépression, l'anxiété, les troubles du sommeil et le stress post-traumatique sont fréquents et peuvent perdurer longtemps après la cicatrisation physique
- Impact esthétique : L'altération de l'apparence physique génère souvent une détresse majeure, particulièrement lorsque les zones visibles sont touchées
- Perturbation de l'image corporelle : L'acceptation du nouveau corps constitue un défi psychologique majeur nécessitant un accompagnement spécialisé
Stratégies d'accompagnement :
- Soutien psychologique précoce : Intervention dès la phase aiguë pour prévenir les complications psychiatriques
- Thérapie individuelle : Travail sur l'acceptation, la reconstruction identitaire et la gestion des émotions
- Accompagnement vers l'acceptation : Processus graduel d'adaptation à la nouvelle image corporelle avec techniques de visualisation et de relaxation
- Construction d'un projet de vie : Redéfinition des objectifs personnels et professionnels en fonction des nouvelles capacités
Reprise d'activité et soins capillaires
Démarches administratives préalables :
- Déclaration d'accident : Procédure obligatoire auprès des autorités compétentes et de l'employeur
- Assurance responsabilité civile professionnelle : Activation de la couverture pour les frais médicaux et l'indemnisation
Modalités de reprise des soins capillaires :
- Attente de cicatrisation complète : Respect absolu des délais médicaux avant toute reprise
- Évitement initial : Prohibition stricte des traitements thermiques (brushings, permanentes) et chimiques (colorations, décolorations) sur les zones sensibilisées
- Progression graduelle : Réintroduction progressive des techniques, en commençant par les plus douces
- Surveillance continue : Monitoring rigoureux des réactions cutanées à chaque étape
- Collaboration médicale : Validation médicale avant chaque nouvelle étape de reprise
Cette approche multidisciplinaire garantit une réinsertion optimale tant sur le plan psychologique que professionnel, en respectant les capacités individuelles de récupération.